lundi 4 mars 2013

Solitudine





Il s'appelait James McConnell, ancien de la Marine royale britannique décédé à l'âge de 70 ans. Sans famille proche, il allait être inhumé seul, avec pour seul public le personnel des pompes funèbres et le pasteur. Justement, ce religieux, révolté par cette situation lança un appel aux bonnes âmes, via un réseau social. "La grande majorité de ceux qui sont venus aujourd’hui ne connaissaient pas James McConnell, mais voulaient qu’il ait des adieux dignes", a-t-il souligné.
Et bien à l'heure d'autres funérailles, celles de Stéphane Hessel, je trouve justement cette cette histoire indigne. 200 personnes avaient répondu à cet appel, venues pleurer un inconnu. Si elles ont alors pu exprimer leur tristesse, ce sont bien elles qui m'attristent. Bon sang, dans quelle société vit-on pour conduire 200 inconnus aux obsèques d'un 201ème, et ce même si le Royaume-Uni fut le théâtre de cette triste scène ?
Franchement, j'aimerais bien savoir ce qu'il en pense James de cette foule inconnue massée derrière son cercueil. Sûr que certains étaient plus peinés par le contexte que par le décès du marin. Le monde est devenu bien superficiel. Il est plus important de communiquer des sentiments même artificiels que de les vivre. Il est plus important de dire je t'aime que de le ressentir. Il est plus important de se réfugier derrière des apparences hypocrites que d'être vrai. Si ça se trouve, James aurait voulu être enterré seul. Mozart lui-même le fut bien! Et, en opposant irréductible à l'Empereur, Victor Hugo écrivait « … Et s'il n'en reste qu'un je serai celui là ».
La solitude, vue sous cette angle est-elle une tare? La solitude n'est peut-être juste qu'une incongruité de la société actuelle devenue individualiste, et dont elle prend alors la mesure lorsqu'elle est confrontée à des cas dramatiques d'isolements. Je nourris un rêve, fou dans cette époque, qu'une fois retraité (si ça existe encore d'ici là) je puisse voyager seul à travers le Monde en cargo, et ainsi profiter de la solitude des longues traversées pour dévorer des tonnes de livres non lus au cours d'une vie trépidante. Ce blog s'est vu réanimé par un murmure dont le souffle a attisé les braises d'un ardent tempérament. Ce murmure ayant pris du coffre est devenu une voix, puis plus qu'une voix, il devint pour moi, laissant son génie faire, « The Voice ». Finalement devenu aphone, je retrouve la voie de la solitude. Sans doute pas la même que celle de James, celle d'un indépendant, irréductiblement au service des autres. Un comble...


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