jeudi 2 mai 2013

"Au Revoir !"





2,5 kilogrammes.

C'est peu pour un nouveau né.
C'est énorme lorsqu'il s'agit d'une perte de poids hebdomadaire.
C'est aussi la pression qui, exercée sur la queue de détente d'un pistolet, entraîne le départ du coup.
C'est alors une frontière ténue entre la raison et l'oraison de quelqu'un qui ne voit plus l'horizon.

Puisque je me confie ici, aujourd'hui, je considère que j'ai dû faire le choix de la raison. Ou bien, je n'ai pas eu le choix, épuisé que j'étais, et n'ayant plus la force nécessaire pour effacer ces 5 livres d'un coup d'index.

Ce blog, bien que personnel, n'a, en tous cas, quasiment jamais été intime. C'était un choix quelquefois incompris. J'ai parfois suggéré mon intimité, comme en citant, le 15 janvier 2012, ce murmure, qui la veille, venait de me souffler à l'oreille, d'une voix féminine douce chaleureuse, apaisante et encourageante "Tu devrais écrire un blog..."
Ce souffle attisa les braises d'une passion que je ne croyais pas possible, au point que finalement je n'en étouffe moi même, et de manière inconsciente, l'embrasement, au lieu d'alimenter le foyer pour qu'il éclaire au plus loin, comme un immense feu de joie, comme si pour moi, le bonheur était une incongruité.

Pourquoi cette attitude iconoclaste, cette propension à l'auto-mutilation, qui en fin de compte m'amputa littéralement, me fit défaillir et sombrer au point d'imaginer ce choix le plus radical? 

Quand on sombre, on peut évidemment, par résignation, simplement se laisser s'échouer au fond, y verser le flanc et attendre que la lumière s'éteigne, dans le froid des profondeurs abyssales. A dessein, je dirais qu'on pourrait alors commenter ainsi cette triste épave: "Circulez, il n'y a rien à voir."
Etrangement, les forces que je n'avais plus pour exercer cette pression digitale, m'ont finalement permis, comme par réflexe, de donner un coup de pied au fond et de finalement regagner la surface, et ce, bien plus vite que je n'aurais pu l'imaginer, me laissant finalement m'échouer sur la plage la plus proche. Amputé,  presque exsangue et pratiquement noyé, je revenais de loin, car dans un râle je respirais encore un peu. Il m'a fallu reprendre mes esprits et quelques forces pour pouvoir me relever et me hisser en haut de cette plage, pour m'y allonger à l'ombre et reprendre mes esprits. Je ne vous cache pas qu'on m'a soutenu et porté pour traverser cette grève que je ne pouvais absolument pas franchir tout seul.
En partie ressaisi, il me fallait alors comprendre comment un Capitaine de navire comme moi avait pu si naïvement s'abîmer sur ces écueils qui faillirent lui être fatals.

Certes, j'avais déjà subi des avaries, et j'avais alors compris que malgré l'image que je donne, ma navigation n'était pas très sûre. J'ai voulu alors changer de technique, sans m'être attardé sur les raisons de mon hasardeuse navigation, alors que c'est par là qu'il aurait fallu commencer.

Désormais tout s'éclaire. Un manque de confiance chronique est finalement ce qui pouvait le mieux  me décrire. Je ne m'en suis jamais rendu compte, cette faiblesse étant maquillée par une aura professionnelle réelle, construite comme une armure, une carapace. Alors que je me sentais comme une coquille vide, celle qui devint ma bouffée d'oxygène, mon espoir, ma direction, ma muse me corrigeait en s'éloignant, m'indiquant que j'étais surtout une coquille fermée.
Le petit garçon à l'oeil brillant, sociable et gai que j'étais n'est finalement qu'un bourgeon qui n'a jamais éclos, enfermé dans le carcan d'une éducation pressante, pesante, écrasante. Pour ne rien arranger, je découvre que j'ai choisi, et contre nature finalement, une profession qui revêt les mêmes caractéristiques, au point d'ailleurs de me contraindre à user de pseudonyme pour pouvoir m'exprimer librement, comme ici, par exemple.

Je comprends mieux pourquoi j'ai toujours nourri une fascination pour celui qui illustre l'en-tête de ce billet. Même s'il est vrai qu'il n'a pas toujours été défendable il n'en reste pas moins un homme Libre qui a toujours su dire "Au Revoir" lorsqu'il voyait qu'il risquait de ne plus pouvoir être maître de ses choix s'il ne se réorientait pas. Il en a certes fait de mauvais, parfois, mais ces choix étaient simplement les siens, ceux qu'il avait voulu mener, et non pas ceux qu'il effectuait pour faire plaisir à quiconque. Quelle qu'en soit leur portée, ses propres choix sont bien plus faciles à assumer...
Cette spontanéité, je découvre aujourd'hui, que je l'ai finalement toujours réprimée, au point de me demander notamment si cet Amour puissant conviendrait à mes précepteurs, au lieu de le vivre pleinement, dans l'élan d'un simple échange généreux et pur. Ce n'est pas faute d'avoir été sollicité sur ce point.
Pire, je m'en suis presque méfié, me disant que ce n'était pas possible que cet Amour ait pu poser le regard sur moi et soit venu passer la main dans mes cheveux, pensant que je ne méritais pas ce bonheur, et c'est ainsi qu'effectivement, je l'ai perdu, ne le méritant plus en ne m'y livrant pas alors que j'en crevais d'envie.

La douleur de cet abandon, à son paroxysme, m'a arraché des flots de larmes, emprisonnées entre mes joues creusées et ce masque qu'inconsciemment je m'étais fabriqué, et qui épaississait sans cesse et sournoisement, avec le temps. Ce chagrin a fini par le décoller et le faire tomber, me permettant ainsi d'en découvrir l'épaisseur et la laideur. Drôle de mélange de sentiments, entre horreur et soulagement.






J'ai lu ce livre, qui suscita en moi un réel émoi. Je m'y suis vu, et y ai vu celle dont je n'osais imaginer qu'elle puisse devenir cette muse qu'elle fut finalement, sclérosé que j'étais. Je lui avais alors envoyé avec cette seule dédicace: "Tu comprendras". Pour la petite histoire, l'ouvrage n'est jamais arrivé. Comme moi d'ailleurs, qui ne suis jamais arrivé à réussir cet ouvrage que celui de vivre ma vie. L'ultime inspiration qu'elle me provoqua fut finalement de m'en rendre compte. En m'abandonnant, elle m'apprit que j'avais, à tort, abandonné ce garçon sociable et spontané, à l'oeil brillant et à la bouche souriante. J'étais devenu un adulte sauvage, méfiant, à l'oeil dur et à la bouche pincé. Un mâle agressif voire dépressif au lieu d'être un homme sincère et ouvert. Je me suis exagérément protégé "des gens" au prétexte qu'ainsi, je ne pourrais être qu'agréablement surpris. Il me suffisait pourtant de juste changer ma lorgnette de sens.

Elle m'avait dédicacé cette citation de Camus "Je me révolte donc je suis", en clin d'oeil à mes prises de positions enflammées contre des injustices de la société. Un combat quasi permanent, et en fin de compte usant et harassant, contre l'injustice, comme pour étouffer celle qui m'oppressait enfant, et qui insidieusement, me terrassait encore jusqu'à cette prise de conscience.
Je n'étais finalement qu'un chien battu qui aboyait en voyant le facteur.

Je n'en veux pas à mes tuteurs. Ils m'ont éduqué à leur manière, qu'ils pensaient être la meilleure. En parallèle, ils m'ont apporté la lucidité, la vivacité et l'intelligence nécessaire à cette prise de conscience. Dans pareille situation il faut reconnaître que tout le monde ne dispose pas de ces outils. Ils m'ont menotté tout en me laissant des clés pour m'en libérer. J'ai juste tardé à m'en rendre compte, à force de chercher ailleurs des exutoires me faisant oublier ces entraves.

Ils diront peut-être que je fais là ma crise de la quarantaine, d'autres diront que je fais 20 ans après, ma crise d'adolescence quand certains parleront de burn-out. Peu m'importe, comprenne qui voudra. J'ai pour la première fois l'impression de ne plus survivre, alors que vraiment je sentais ces dernières années que je m'asphyxiais au point de ne même pas pouvoir crier au secours. J'ai l'impression aujourd'hui de véritablement de commencer à vivre. Certes avec un passif, mais aussi avec une énorme motivation, pour moi, pour mes enfants, pour mon entourage, pour tous ceux dont j'aurai à croiser la route. 

C'est vrai que j'ai toujours eu des scrupules à tourner le dos à mes détracteurs, préférant les combattre de manières parfois frontales, oubliant que même en tournant le dos, je regardais malgré tout devant moi, dans la direction que je souhaitais au lieu d'être concentré sur des illustrations négatives. 
Ces combats inutiles, après m'avoir dispersé, et alors qu'ils ne nécessitaient pas forcément cette implication de ma part, ont fini par m'éreinter, d'autant que j'ai toujours agi par convention, pour en fait juste satisfaire l'écrasant jugement permanent. 
J'ai aujourd'hui pour seule envie de pouvoir être fier de moi, et non plus qu'on soit fier de moi. La nuance est énorme. J'ai envie de m'aimer pour ce que je suis, plutôt que ce que l'on m'aime pour ce que je semble être. Tout simplement m'accomplir. Pour pouvoir ainsi aimer à mon tour, sans entrave, ni clandestinité, ni stratégie, travers qui ont pu entacher des sentiments pourtant plein de sincérité, d'intensité et de pureté.

C'est pourquoi je mets en sommeil mon compte Twitter, et ce blog. 

Parce que j'ai besoin de faire mon introspection pour me reconstruire complètement, de me recentrer sur moi, pour pouvoir mieux m'ouvrir aux autres, en cessant d'être cette coquille fermée. Surtout que l'intérieur est nacré par opposition à l'extérieur terne qui est couvert d'aspérités. J'ai besoin de pouvoir m'ouvrir concrètement, humainement, et pas par le biais d'outils virtuels. 

Il faut que je défriche ce jardin secret jonché de pierres et envahi de ronces. Ce jardin secret qui suscite tant de curiosités malsaines, n'est finalement qu'une sèche jachère. Voilà de quoi répondre aux curieux et les dissuader d'y prospecter. D'ailleurs, ils n'y ont pas de légitimité.

Le 21 décembre 2012, je traitais sur ce blog, de cette "icône qui exhorta notamment de se libérer de la peur". Le pire, c'est que ma muse attendait précisément de découvrir la saveur de ce billet là, alors qu'en fait, je réalise que je n'étais moi-même pas en mesure de me libérer de ma peur dont je n'avais absolument pas conscience!

Cet ultime billet est donc plus qu'une révolte, mais bel et bien ma révolution. 
Pacifiste, sans armes ni cris ni violences. Au contraire avec une grosse dose de pardon. Celui que je demande à ceux auprès de qui j'ai exprimé une toxicité résultant de ce mal-être accumulé, et celui que j'accorde à ceux qui ont pu, d'une manière ou d'une autre me faire souffrir. Certains se retrouvent d'ailleurs dans les deux catégories.
L'important étant de ne pas céder aux cris, restés sans écho il y a 20 ans, de ne pas céder à la rage pourtant  initialement apparue avec cette rupture. La violence, peut importe la forme qu'elle revêt, doit être bannie, c'est un frein à l'évolution et forcément au bonheur. Aucun bonheur ne peut reposer sur des fondations biaisées. Si la semelle est viciée, autant mettre son énergie à tout reprendre, proprement, sans ressentiment. 

J'ai été amené à aider ma muse il y a un lustre, par pur hasard. Je n'aurais pas dû être là à ce moment là, mais j'y étais, et très consciencieusement, gratuitement, sans rien en attendre, j'ai alors fait ce qui me semblait devoir s'imposer.
Récemment, j'ai fait un rêve étrange. J'étais nu, allongé sur une table d'autopsie, installé dans la salle d'examen. Seul un drap me recouvrait alors que je savais que je n'étais pas mort. Je m'efforçais à tenter de comprendre comment un médecin pouvait avoir certifié mon décès alors que ce n'était pas le cas. J'entendais les conversations des médecins dans le couloir, sans percevoir clairement leurs propos, j'y entendais des voix familières. Je perçus seulement "Allez, on va y aller". Je savais que le premier trait de lame dans mes chairs scellerait définitivement mon sort, il me fallait donc urgemment faire quelque chose, tandis que j'entendais les scalpels être disposés sur le plateau en métal, dans ce couloir. Je me disais qu'il fallait que j'entre en communication, par tous moyens, avec celle qui pour moi, était la seule capable de percevoir mon appel et donc en mesure de m'aider. Seulement j'étais muet et paralysé. Toutefois, dans un sursaut, je parvins tout de même à décaler une jambe à l'extérieur de la table, et ainsi déséquilibré, je pus rouler sur le côté. Une fois tombé sur le sol, je pus m'adosser au pied du mur et d'une pression sur mes deux jambes, me fis glisser verticalement sur le mur carrelé. Ouf, j'étais debout, alors que des pas s'approchaient dans le couloir, accompagnés du tintement métallique des outils sur le plateau. Au prix d'un terrible effort, j'ouvris les yeux et la bouche, d'où aucun son ne sortait. C'est alors qu'entrait cette assistante, portant le plateau, marchant droit devant elle, sans même  jeter un oeil sur la table d'examen qu'elle dépassait pour atteindre la paillasse. Elle y ajouta d'autres outils sur le plateau et se retourna pour le déposer à côté de la table d'examen. C'est alors qu'elle me vit, son visage stupéfait semblait toutefois être chargé de bonheur. Cette assistante, c'était elle, celle que je tentais d'appeler. Elle s'écria "docteur!" en se précipitant dans le couloir pour chercher le praticien. Le rêve s'acheva ainsi, mais je savais qu'elle venait de me sauver.

Ce que je ne savais pas, c'est que ce rêve, d'une certaine manière, allait s'avérer être prémonitoire. En effet, cinq ans après avoir reçu mon aide, c'est elle qui m'ouvre les yeux, en m'abandonnant. Le hasard n'existe pas, dit-on. D'autant que cette déchirure intervient au moment où des proches, très chers et estimés ont besoin d'un soutien que finalement je me surprends à être en mesure de leur apporter. S'il était écrit qu'on devait s'aider mutuellement, on a donc rempli le contrat.
Pour moi, le processus d'évolution s'est véritablement  enclenché. Il a d'ailleurs entraîné une métamorphose physique spectaculaire, à l'image d'une chrysalide disgracieuse laissant s'échapper un papillon coloré. Je regrette qu'elle ne mesure peut-être jamais l'ampleur de ce qu'elle a déclenché en moi, le caractère vital de son aide, mais si c'est son choix...

Terrible dilemme, ma foi! Ce qui fait que la vie développe autant de parfums. Il parait que le premier cri du nourrisson émane du réflexe d'inspiration et de la douleur ressentie par le gonflement des poumons. Je connais donc une forme de renaissance. Dans les deux cas, cette douleur est vitale.

Il me faut désormais faire face à cette solitude et ce vide qui m'ont en vérité toujours effrayé, sans doute pour n'avoir heureusement jamais trop enfoui cette sociabilité. C'est certainement pourquoi je me suis comporté en solitaire militant, façon aussi, bien qu'artificielle, de me sentir maître de moi, indépendant. Et probablement aussi une tentative d'apprivoisement d'un danger qui m'effraye encore plus aujourd'hui. Je ne suis certes pas complètement seul, mais il y a tout de même un grand vide, vertigineux, d'autant qu'il me faut, en parallèle, digérer cet égarement personnel.


Quoi qu'il en soit je ne peux m'empêcher, avant de vous quitter, peut-être pour revenir autrement, qui sait, de vous remercier pour vos lectures, vos commentaires, et enfin, de me tourner vers le grand artisan de cette prise de conscience à qui je dis merci. 

Merci Julie à qui je souhaite bonne vie.
Really



mercredi 27 mars 2013

vendredi 15 mars 2013

Habemus pampa!






Non, je ne suis atteint de dyslexie. C'est bien l'Argentine qui est sur le devant de la scène, ce pays qui se termine par une "Terre de feu". Pas étonnant qu'il soit donc question de fumées. 
Noire comme lors de la dictature ou de la plus récente crise économique, doublée d'une crise politique qui vit, en 10 jours, 4 présidents se succéder, sorte de quarteron de la décadence financière.
Blanche comme lors de ses victoires en Coupe du Monde de fùtbol, l'autre religion locale, après, voire avant, le catholicisme. Victoires latines décrochées à Buenos Aires puis Mexico, sous la houlette d'un homme aidé par la main de Dieu. Déjà.
Blanche comme l'élection du premier Pape non européen. Autre victoire latine. Ainsi, la boucle est bouclée. L'Argentine avait déjà un Messi (qui lui a les pieds de Dieu), elle a désormais un Pape dont l'annonce du nom a, elle, laissé un blanc au sein d'une foule benoîtement massée sous le balcon et comme anesthésiée en découvrant qui allait remplacer Benoît, celui qui ne voulait pas d'agonie publique. 
Benoît, ce Pape paradoxal, qui, ne se sentant plus la force d'être missionnaire, en devint démissionnaire. Peut-être grâce à ces cortèges de fidèles, venus, des jours durant, saluer la dépouille de son prédécesseur. Allez savoir, le souvenir de ces images l'a-t-il peut-être dissuadé de se demander comment réagirait le clergé sur sa tombe? C'est ainsi qu'après avoir papoté, les cardinaux, en nombre, désignèrent François. Election qu'ils arrosèrent peut-être avec du crémant (XV), afin de remplacer le champagne, le luxe n'étant plus de mise. Entre crise économique mondiale et plus bas taux de fécondité au Monde (et à la Ville), on peut comprendre cette prise de conscience vaticane. 
Du coup, après avoir rangé le Pape Allemand,  il en est de même avec la grosse berline, et c'est un mini-bus qui est devenu véhicule du Saint-Siège. Peut-être parce qu'il en a plusieurs.
Dans cette Histoire, où est la France? Pas sur le pont (Saint-Bénézet), à voir la faible assistance présente sur le Perón de Notre Dame de Paris, presque moindre que devant le théâtre du rond-point il y a quelques temps. A la croisée des chemins, cette religion aurait pu tendre la main au seul autre Etat ayant abrité la Papauté, en choisissant un véhicule entre la berline et le minibus, comme une Renault Cénique.
Certains voient dans cette élection la transition avant celle d'un Pape noir. Et pourquoi pas un Président américain noir, aussi? Je Paray que ce serait un évènement... monial!


En attendant, le nouveau Pape, à 76 ans, et n'ayant plus qu'un poumon, aspire à donner une nouveau souffle à sa religion. Il évitera peut-être tout juste la crise de foi....

vendredi 8 mars 2013

Femmes, je vous aime...





... je sais, ce titre n'est pas de moi, alors disons que je le fais mien. Bien qu'emprunté à une chanson, il ne constitue pas dans ma bouche une sérénade et résume assez bien ma pensée en cette journée de la femme.

Seulement, je n'aime ni la journée de la femme, ni ces femmes en boîtes, devenues marchandises « livrez m 'en 3 boîtes ... ».
Non, je n'aime pas ces femmes soumises, celles qui préparent le bain et le verre de whisky de leurs chers époux qui rentrent du travail, celles qui se considèrent sur Terre pour assouvir les volontés de leurs conjoints, s'infériorisant ainsi devant le puissant mâle, alors que le couple devrait symboliser égalité, équité et partage...
Non, je n'aime pas la journée de la femme. Déjà, fêtée le 08 mars, je m'interroge sur cette date. D'accord, c'est une date internationale, mais son choix est assez flou, puisqu'il s'agirait de la date d'une manifestation d'ouvrières américaines en 1857, qui finalement, n'aurait jamais existé. Il y a des commémoration plus pertinentes...
C'est en 1917 qu'a été fixée cette date. 1917! Au delà du presque siècle qui nous en sépare, il y a là un abysse sociétal. Cette journée prit toutefois un réel élan grâce aux mouvements féministes des années 70. Drôle quand même de la part de femmes « novatrices » pour ne pas dire révolutionnaires, de se référer à cette année, bien que révolutionnaire elle aussi! Pourquoi nos féministes françaises ne célèbrent-elles pas plutôt le 17 janvier 1975 ou le 23 mars 1944, voire même la récente abrogation de la loi leur interdisant le port du pantalon comme précédemment évoqué sur ce blog ?
Les féministes. Vaste sujet. A mon goût d'homme nullement « masculiniste », il y a derrière ce titre de féministe une forme de contradiction. J'interprète la célébration de la journée de la femme pour une féministe, comme une forme d'acceptation d'une condescendance institutionnelle. Une féministe devrait au contraire, oeuvrer tout au long de l'année et faire relâche en cette journée. Evidemment, cela dépend du niveau de féminisme. A l'instar de certaines formes d'intégrisme, on pourrait distinguer les féministes modérées des féministes radicales, comme ces anglophones qui ne parlent plus d' « history », mais d' « hertory », et ce,  par opposition aux « féminines », ces femmes qui peuvent suivre la fashion week, travailler, avoir des enfants et être estimées pour leurs qualités réelles, à l'image de l'homme respectable qui se rend dans les stades de football, après une semaine de travail respectable durant laquelle il se sera occupé de ses respectables enfants. Bien sûr j'entends poindre la question des salaires mais, n'étant pas machiste et travaillant dans un milieu où la parité salariale est déjà de mise, je reste persuadé d'une évolution réelle sur ce point. Certes, certaines femmes sont loin de leurs hom(mes)ologues. C'est le cas des footballeuses. Cela dit, elles peuvent se féliciter d'en être très très loin. Déjà elles sont souriantes. Ca change de Zlatan (*). Elles sont spontanées, généreuses et combatives. Ca change de Zlatan. Elles sont courtoises, polies et reconnaissantes. Ca change de Zlatan. Et surtout, elles s'imposent d'elles-mêmes, sans outrances. Ca change de Zlatan... et de certaines féministes.





Bravo les filles! Et bonne "fête" à celles qui, tout de même, y attachent de l'importance...


(*) le Zlatan est un footbaleur qui concentre à lui seul tout ce qui rend ce sport détestable

lundi 4 mars 2013

Solitudine





Il s'appelait James McConnell, ancien de la Marine royale britannique décédé à l'âge de 70 ans. Sans famille proche, il allait être inhumé seul, avec pour seul public le personnel des pompes funèbres et le pasteur. Justement, ce religieux, révolté par cette situation lança un appel aux bonnes âmes, via un réseau social. "La grande majorité de ceux qui sont venus aujourd’hui ne connaissaient pas James McConnell, mais voulaient qu’il ait des adieux dignes", a-t-il souligné.
Et bien à l'heure d'autres funérailles, celles de Stéphane Hessel, je trouve justement cette cette histoire indigne. 200 personnes avaient répondu à cet appel, venues pleurer un inconnu. Si elles ont alors pu exprimer leur tristesse, ce sont bien elles qui m'attristent. Bon sang, dans quelle société vit-on pour conduire 200 inconnus aux obsèques d'un 201ème, et ce même si le Royaume-Uni fut le théâtre de cette triste scène ?
Franchement, j'aimerais bien savoir ce qu'il en pense James de cette foule inconnue massée derrière son cercueil. Sûr que certains étaient plus peinés par le contexte que par le décès du marin. Le monde est devenu bien superficiel. Il est plus important de communiquer des sentiments même artificiels que de les vivre. Il est plus important de dire je t'aime que de le ressentir. Il est plus important de se réfugier derrière des apparences hypocrites que d'être vrai. Si ça se trouve, James aurait voulu être enterré seul. Mozart lui-même le fut bien! Et, en opposant irréductible à l'Empereur, Victor Hugo écrivait « … Et s'il n'en reste qu'un je serai celui là ».
La solitude, vue sous cette angle est-elle une tare? La solitude n'est peut-être juste qu'une incongruité de la société actuelle devenue individualiste, et dont elle prend alors la mesure lorsqu'elle est confrontée à des cas dramatiques d'isolements. Je nourris un rêve, fou dans cette époque, qu'une fois retraité (si ça existe encore d'ici là) je puisse voyager seul à travers le Monde en cargo, et ainsi profiter de la solitude des longues traversées pour dévorer des tonnes de livres non lus au cours d'une vie trépidante. Ce blog s'est vu réanimé par un murmure dont le souffle a attisé les braises d'un ardent tempérament. Ce murmure ayant pris du coffre est devenu une voix, puis plus qu'une voix, il devint pour moi, laissant son génie faire, « The Voice ». Finalement devenu aphone, je retrouve la voie de la solitude. Sans doute pas la même que celle de James, celle d'un indépendant, irréductiblement au service des autres. Un comble...


jeudi 14 février 2013

14 février, Saint Baratin


Ce matin (un lapin), ma nouvelle montre qui m'indique l'heure, tout en faisant chronomètre, altimètre, trouillomètre (non! ça c'est pour la touche "romancée" du billet), m'a aussi indiqué la date.
Et nous sommes le 14 février. Cela dit, la veille on était le 13, et c'était le quarantième anniversaire de mon Peyrehoradais et ami préféré. Célébration que même l'Adour a tenu à arroser, dans un grand élan Béarnais. Du coup, je ne pouvais pas ignorer l'imminence de cette Saint-Valentin, qui survient toujours au lendemain de l'anniversaire de ce copain. Que l'Adour dégage une telle force la veille de la fête de l'amour, aurait presque pu m'inspirer des blagues fleuves...
Enfin, comment aurais-je pu ignorer cette fête commerciale? Un collègue coincé par des rendez-vous m'ayant mandaté tôt ce matin, pour aller lui acheter un bouquet pour sa dame. "Tigre, l'Euphrate eu?" Me dis-je! Euh, non, "Bigre, le feras-tu?" Me dis-je!
A moi me faire ça! Sachant ce que je pense de cette pratique! Enfin, le bon collègue me glissa quelques Euros dans la main et un aveu dans l'oreille "La paix n'a pas de prix". L'argument fit mouche, et ma solidarité masculine me conduisit alors chez la fleuriste locale:
- "Bonjour, que voulez-vous?
- Faire plaisir à un copain!
- Ah???!!! (gênée) C'est votre droit!
- Non, non, non, madame, ce n'est pas du tout ce que vous croyez, il y a méprise, là! Non, moi, je n'aime pas du tout la Saint-Valentin! Je boycotte cette fête commerciale et je milite pour une St-Valentin permanente, tous les autres jours de l'année et relâche le 14 février!
- (décontenancée) Ah, ba, voui, vu sous cet angle là...
- En fait, je plains les pauvres gamins qui s'appellent Valentin!
- Ah, pourquoi?
- Mais enfin, madame, pensez un peu à tous ces Valentin qui se font voler leur fête au profit de pratiques mercantiles! Les pauvres!
- Ah oui, c'est vrai, j'ai vu des pubs pour des TV spéciales St-Valentin...
- Voilà, c'est ce que je vous dit, ça ne ressemble plus à rien.
- Bah oui, en fait, on oublierait presque le St patron, en ce jour là.
- MAIS OUI! C'EST CE QUE JE VOUS DIS!
- Aaaaah, je n'avais pas vu ça comme ça!  17 Euros 50, s'il vous plait.
- Tenez, et bonne journée.
- Merci, et bonne St-Valentin à vous, alors!
- Oui, oui, merci, et bonne fête commerciale à vous, madame!
- Oh! Puisse Dieu vous entendre!


Mon ire face à ce commerce n'était pas encore arrivée à son paroxysme. Décidé à acheter quelques fruits et légumes, je me rendis ensuite dans une grande surface, où les fleurs étaient bien moins chères (tant pis pour lui), et diantre que vis-je? Des barquettes de fraises en forme de coeur, spéciales St-Valentin! Effrayés, je courus au rayon croquettes pour chats. Ouf, aucune croquette en forme de coeur à l'horizon. Pour me rassurer définitivement je me rendis aussitôt au rayon papier toilette. Re-ouf! 

Je pouvais alors poursuivre tranquillement mes achats et me rendis à la boucherie pour m'acheter une bonne tranche de coeur de cheval. Parce que j'avais l'estomac dans l'étalon. Et quand on a faim, on n'est pas à la fête....

mercredi 6 février 2013

Journée sans







C'était la journée sans portable.

J'ai échoué. Très tôt, même, puisque je me suis réveillé à 06 heures, grâce à l'objet du jour. Puis, dès la première heure de mon activité, la sonnerie de mon téléphone professionnel retentissait. Une énième fois, je prenais conscience de l'intérêt d'en changer. De boulot, et accessoirement de sonnerie. A 08 heures, mon échec était donc lui aussi retentissant. Mais je n'étais qu'aux prémices d'une journée attaché à mes téléphones. Des téléphones sans fil plus tenaces qu'un fil  la patte. Doté de ces appareils, je m'affranchis du port d'une montre, et ainsi du timbre de sa sonnerie marquant chaque changement d'heure. Mais voilà, pour savoir où j'en étais de l'écoulement du temps, je pris donc en main mon téléphone où on me faisait part d'un autre temps puisque j'y avais reçu une image de neige. Pour ne pas être en reste, je photographiai à mon tour un cliché enneigé, pour riposter, et ce à l'aide de mon téléphone que j'utilisais ensuite pour identifier une musique que l'autoradio ne présentait pas. Comme j'étais en voiture, j'aurais pu utiliser mon smartphone pour m'aider à trouver ma route, mais je connaissais l'itinéraire... Ouf!  En fin de compte, je n'ai même pas le sentiment d'avoir utiliser abusivement cet appareil, que j'aurais pu aussi utiliser, spécifiquement aujourd'hui, pour consulter les sites internet des journaux nationaux introuvables en kiosques. Pour tout vous dire, je n'en ai pas eu le temps. En revanche, d'autres ont eu le temps de me casser les pieds, par téléphone, notamment. Alors finalement, plutôt qu'une journée sans portable, ne ferait-on pas mieux d'instaurer des journées sans "casse-pieds"? Il y a quelques jours, était abrogée la loi interdisant aux femmes de porter le pantalon, en dehors de la pratique de l'équitation. Toutes ces dames, après des années d'illégalité, pouvaient alors, aujourd'hui, déambuler en pantalon en toute impunité, avec dans la poche un téléphone cellulaire. Pourquoi donc les priver de cette liberté, aussi tôt après la libération de la jupe?
Sans doute parce qu'il s'agit d'une vrai pantalonnade.

Bon, je vais twitter la parution de ce nouveau billet. Avec mon portable.

vendredi 4 janvier 2013

Habitat fleuri






Au cas où d'autres ermites se seraient reconnus dans mon précédent billet, et dont le sommeil de la Saint-Sylvestre fut interrompu sur les coups de minuit par les explosions de joie du voisinage, voici un compromis entre l'ermitage sauvage et la vie au sein de la civilisation.
Il s'agit de la maison clou. 
Cette appellation chinoise pourrait vanter l'habitat dispersé, mais dans l'esprit des autorités de l'Empire du milieu, c'est tout le contraire. Pour ce gouvernement, les maisons clous sont de grosses épines dans le pied, d'autant que certains propriétaires poussent le vice jusqu'à opposer au pouvoir une ferme résistance. Déjà, en amont des Jeux Olympiques de Pékin, des quartiers entiers ont été évacués à grands coups d'expropriations et de pelleteuses, parfois même dans un autre ordre que celui énoncé. Quelques farouches propriétaires tentèrent de lutter pour que leurs nids douillets soient préservés, là où justement devait être construit "le nid", stade olympique, fruit mégalomaniaque d'un régime hégémonique. Si l'opposition fut symboliquement autorisée dans ces premiers moments, elle fut vite matée. Un sacrifice patrimonial opéré sur l'autel de l'esprit olympique, à tel point que j'ai intégralement boycotté les retransmissions des épreuves et leur suivi, moi qui, en 2000, avait pris mes vacances en septembre pour ne pas rater une miette de l'olympiade australienne! Une goutte d'eau dans le Yang-Tsé-Kiang. Malgré de réels mouvements de contestation, j'attends encore le soutien des manifestations d'(alter)(anti)-mondialistes, certes actuellement monopolisés par un projet d'aéroport. En revanche, s'il en est un qui n'attend plus de soutien, c'est bien Luo Baogen, cet éleveur de canard de 67 ans (lui, pas les canards) et heureux propriétaire d'une maison dans la ville de Wengling, à l'Est de la Chine. Heureux, jusqu'à ce qu'il apprenne que sa maison, comme beaucoup d'autres, était située en plein sur le futur tracé d'une autoroute. Tour à tour, ses voisins acceptèrent l'indemnité gouvernementale d'expropriation, bien que très en deça des crédits en cours. Luo fut rapidement l'unique opposant à toujours occuper sa maison qui devint le symbole de la résistance à cette politique d'expropriation mécanique. Au point même que le bâtiment ne devienne l'illustration parfaite de l'appellation "maison clou".
Mais finalement, au terme de quatre années de lutte, Luo cessa de lutter, ne supportant plus la médiatisation permanente autour de son bien. Un ex-homme politique français dont le domicile new-yorkais était devenu le siège des journalistes dira que ça devient vite agaçant. Alors les quatre années (autant qu'un intervalle olympique) durant lesquelles Luo lutta seul avec son épouse, font d'eux de véritables héros. 




Quand j'entends par ici maugréer des candidats écartés suite au choix de la commission municipale en charge de décorer les résidents de maisons elles aussi décorées, de fleurs en été et de guirlandes électriques en hiver (y compris dans des communes qui coupent l'éclairage public après 22 heures 30, manifestement donc plus dans un soucis d'économies municipales que dans un esprit de développement durable), je pense donc à Luo, qui lui, aimerait tant être battu lors du concours des maisons décorées.
Il m'arrive aussi de penser à Casper le fantôme, dont la maison est délicate à fleurir....



Et aux rois de l'épicerie de la guirlande scintillante ou du géranium lierre, mécontents de ne pas être érigés au rang de Le Nôtre local, je leurs dis tout simplement: Booh!

mardi 1 janvier 2013

Annus mirabilis




Sincèrement, je vous ai souhaité une bonne année.

Pour poursuivre dans la sincérité, sachez que je n'aime pas nouvel an, parceque ça m'énerve, nouvel an.
Déjà, le calendrier est mal foutu. Il n'y a que deux réveillons dans l'année, et seulement séparés d'une semaine. Pauvre organisme. On devrait décaler la nouvelle année, par exemple, on pourrait faire nouvel an fin janvier, surtout qu'au lendemain du jour de l'an les victuailles sont bradées. D'ailleurs, selon les croyances, régimes ou cultures les calendriers diffèrent, et la nouvelle année aussi. Les conventions festives qui accompagnent la nuit de la Saint-Sylvestre ne me transportent pas non plus. 5, 4, 3, 2, 1, BONNE ANNEE!!! (le pire, pour moi, c'est de subir le décompte final de la première chaîne de télévision).
Et je n'aime pas cette invasion de SMS qui après avoir "bouchonné" - parce que le réseau est saturé par la pratique encore accrue par les smartphones âgés d'une semaine et livrés par le Père Noël - viennent sonner le réveil une fois endormi, où cette pratique qui fait qu'à compter de 23h45, ceux avec qui vous "festoyez" s'isolent avec leur téléphone cellulaire pour communiquer leurs souhaits de nouvelle année avec d'autres personnes qui s'isolent également au cours de soirées en société. Hier, mon téléphone était éteint dès 20 heures...
Déjà, qu'on souhaite aux autres une bonne année, c'est certes louable, mais faut-il attendre ce jour là? Moi aussi, je souhaite les voeux, mettant ma marginalité de côté, mais c'est durant toute l'année que je souhaite le meilleur au monde qui m'entoure. D'ailleurs, si quelqu'un pouvait exhausser ces voeux là.... Certainement pas ceux qui formulent des voeux par seul conformisme, comme ce gouvernement qui, en 2009, nous annonçait la fin de la crise avec le passage à 2010. Phénomène Tchernobyl. On sait ce qu'il en est réellement.
Alors, idéaliste, crédule et naïf, je formule tout de même un voeu: que l'authenticité et la sincérité prévalent. Comme lors de cette baignade dans le Pacifique à jouer avec une murène, comme ce projet de passer la nuit en igloo ou dans le désert, entouré d'êtres chers, et je ne vous dévoile là qu'un minime échantillon d'une liste qui n'est pas exhaustive. Dans ces festivités là, un jambon beurre suffit! 

Allez, encore meilleurs voeux. Quand même. Et moi, je retourne dans ma poubelle.






New Year's Day



Bonne année à tous!!!