Non, "le FIG" n'est pas "unE
frui"...
Il s'agit en fait du Festival International de Géographie dont la 23°
édition vient de se dérouler à St-Dié Des Vosges, capitale du
massif Vosgien et par ailleurs marraine de l'Amérique. Durant 4
jours, la sous-préfecture Vosgienne est devenue la CAPITALE MONDIALE
DE LA GEOGRAPHIE. De quoi donner le tournis à toute une municipalité
derrière un maire un temps candidat aux primaires socialistes à
l'élection présidentielle. Mais, franchement, il faut bien
reconnaître que cette ivresse peut être considérée comme
légitime.
D'abord, le festival est
désormais adulte, du haut de ses 22 ans, un âge digne d'une entrée
dans la vie active et qui lui permet même de décentraliser
certaines de ses animations qui s'organisent entre salon de la
gastronomie (mon préféré), concerts, danses, conférences, cafés
géographiques, longs métrages, diaporamas, expositions, émissions
de radio, en direct ou en enregistrement...
Ensuite, les intervenants
comptent en particulier des personnalités de notoriété internationale
comme, notamment, cette année, Régine Deforges ou encore Jéromine
Pasteur, défenseur émérite des populations amérindiennes...
Seulement, le festival
semble être victime de son succès. Et c'est là que ça se
complique. Le stationnement est réglementé, certaines conférences
ne sont accessibles que sur réservations (toutefois, les conférences
en Anglais enregistraient un taux de remplissage permettant d'y
assister sans peine) et certaines projections, organisées dans des
salles trop étroites, contraignent les organisateurs à refouler du
monde à leur entrée. Jusque là, tout va bien, rien d'anormal,
c'est un festival et il y a tellement de choses à faire ou à voir
qu'on peut rapidement rebondir sur une autre animation. Et puis un
festival sans festivaliers, c'est comme un blog sans lecteurs...
Non, vraiment, ce qui m'a
gêné, c'est l'impunité accordée aux extra-terrestres.
Et, oui, eux sont
venus stationner leur soucoupe sans vergogne, ni le moindre Euro, au cœur de la cité,
là où les festivaliers ne pouvaient même pas accrocher leurs
chevaux.
Qui plus est, ces invités
peu discrets se sont amusés à sillonner la ville avec leur drôle
d'allure silencieuse...
… et leurs gros yeux
rouges orangés.
Finalement, c'est une
immense déception qui m'envahit. Je m'étais rendu dans la cité de
Déodat avec l'oeil (noisette, me concernant), vicieux, du voyeur, venu,
comme au zoo, pour observer les aborigènes décrits par Jack Lang
comme de rustres sauvages borgnes, au teint rougeaud, édentés et à
l'haleine chargée.
A moins que ce ne fût
plutôt par un imitateur de Jack Lang, une sorte de « Jack
Languérin », dont les propos étaient alors perçus par les
autochtones de façons diamétralement opposées. Si, pour certains,
l'éclat de rire inspiré par une telle dérision était sans égal,
d'autres, plus susceptibles, ou alors finalement peut-être un peu
rustres quand même, étaient d'une aigreur intarissable sur le sujet
« Parce qu'on passe pour des demeurés, et qu'en plus, on a
déjà eu l'affaire Grégory ...»
Loin, donc, des clichés
ayant motivé ma curiosité malsaine, je découvris à quel point ce
festival, dans ses aspects festif, de rencontres, de découvertes,
d'enseignement, pouvait-être enrichissant.
C'est d'ailleurs
finalement presque d'un œil rassuré que je lus dans la presse locale
que des tirs d'effarouchement venaient d'être autorisés pour se
prémunir des attaques de loups, devenues récurrentes dans les
parages. Finalement, tout rentrait dans l'ordre, les extra-terrestres
avec leur technologie et leur science bénéficiaient de places de
stationnement de choix et une espèce animale bien que protégée
canalisait crainte et violence.
Ah, oui : le pays
que le festival avait choisi de mettre à l'honneur et d'inviter,
cette année, était la Turquie, alors trait d'union de toutes ces
synergies. La Turquie dont la capitale elle-même est à la charnière
de deux continents. La Turquie où le droit de vote des femmes
remonte à 1929. La Turquie dont l'emblème est le croissant, ainsi
devenu définitivement distinct du pain au chocolat...